Le palais de la monnaie

Le palais de la monnaie
Le palais de la monnaie où fut frappé A ZECCA

 

Pourquoi Pascal PAOLI choisit-il Murato ? Cette position à un tiers de route de Bastia permettait le verrouillage du Golo par A CUSTERA, des descentes rapides sur la citadelle de St Florent et une surveillance aisée des abords de Bastia. En outre c'était le village de lieutenant Achille MURATI et de Joseph BARBAGGI ( Article sur Ghjuseppe Barbaggi tiré du "Mémorial des corses" en pièce-jointe) époux en deuxième noce de Dionisa la fille de Clément PAOLI, le neveu par alliance de PAOLI se vit confier le grand dessein de la consulte de Vescovato du 24 mai 1761.

Pour échapper définitivement aux anciennes servitudes et aussi pour en tirer le profit qu'en tirent d'autres ETATS, il convient de frapper dès que possible, aux armes du royaume, une monnaie de cuivre et d'argent, en quantité suffisante pour couvrir les besoins de la vie courante à l'intérieur du pays.

A ZECCA : après d'immenses difficultés pratiques, réserves métalliques, création d'un atelier monétaire autonome avec fours, lamineur, presse, découpoir, bains de blanchissement, et le recrutement de personnels spécialisés, la difficulté suprême étant de faire graver des jeux de coins de qualité et qui s'usaient vite. On grava donc les jeux pour les pièces de :

 

4 soldi
4 soldi - Année 1962

 

- 2 soldi (billon) : U ventinu

- 4 soldi (billon) : U quatrinu

- 8 soldi (billon) : Baioccu

- 10 soldi (billon) : U decinu

- 20 soldi (billon) : U duppione        

 

Le 1 soldo ne sera émis qu'en 1768 à Corte. Toutes ces pièces furent émises en 1763, millésimées avec les coins de 1762. En effet l'entrée en activité de l'hôtel des monnaies de la Corse fut le 26 février 1763. Un mois plus tard, succès total, on disposait assez d'argent pour verser la solde de la troupe et « tout le monde (dit-on) voudrait en détenir ». Ce qui n'est pas du goût du commissaire Gal de Gènes à Bastia qui annonce des sanctions contre les utilisateurs de « fausse monnaie » qualifiées de « falsifiées et adultérines »… Il faudra inventer de nouveaux impôts et des collectes diverses pour approvisionner en matériaux précieux A ZECCA de Murato, dont le fameux « tabernacle » (ostensoir) en argent, de Torino, ainsi qu'un impôt spécial sur le clergé.

La consulta de mai 1761 ayant décidé de frapper les monnaies « aux armes du royaume (de corse), les types de monnaies porteront au droit une « tête de maure, tournée à dextre, animée (avec yeux), perlée (à pendant d'oreille), colletée (collier de perles), portant tortil (bandeau sur la nuque).

Le premier Maître Monnayeurs fut Pierre ORTOSANI, payé 100 livres par mois. On y décrit un contremaître (SUZZONI), six ouvriers, quatre auxiliaires et un attaché aux écritures. L'expédition de 1767, la conquête de Capraia par Achille MURATI entraînera de lourdes dépenses, aggravées encore au lendemain du succès militaire (4 000 livres par mois). En septembre 1767 prendra fin la production de la monnaie corse à Murato. Les dernières fontes auront lieu les 8 premiers jours du mois courant octobre 1767, le transport de la ZECCA sur Corte nécessitera 36 convois muletiers conduits par des hommes d'Orezza.

Pourquoi ce déménagement ? L'étau se resserre autour de Murato, les armées françaises s'y installeront dès 1768, le Couvent étant transformé en hôpital militaire par les troupes royales. C'est désormais aux environs de Murato que tout se joue : Oletta, Chjesa Negra, A Custera.